Idéologie, par définition, sans avenir.

No Future

Je suis là mais je suis vieux, toujours en vie, tellement plus conventionnel, dans la norme. Je me noie dans la foule, je me fonds dans la masse. D’un regard mal retenu, j’épingle la nourrisse et j’embrasse mes enfants, mon héritage, mon avenir. La musique adoucit les angles, rabote le quotidien et noie mon ennui. La reprise règne dans mes oreilles et mes habits. Je remplis les vides, je vide les blancs. Mes goûts ont la faveur de mes dégoûts d’antan. J’amortis le but, je tiédis, je fade. Je me conforme au moule. Mes vêtements sont amples, par confort et embonpoint. La raie remplace la crête. Les grands mères ne changent plus de trottoirs en me voyant de loin. Les enfants ne me montrent plus du doigt en ricanant.

Dans un coin de ma caboche, j’aime à croire qu’un keupon toujours en moi sommeille, soif de mauvaise bière, de concerts embrumés, de pogo d’enfer. Mais le tamis de la vie s’est chargé de filtrer les impuretés et les jeunes réflexes. Une graisse mentale m’engourdit l’idéal. Désormais, seul prime le ventre, depuis que la rage à cesser de le muscler. L’expérience a tué l’innocence.

Les majeurs d’hier sont les pouces d’aujourd’hui.

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